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Geography of Mesopotamia

Atouts et contraintes de milieux naturels diversifiés

Peu de régions dans le monde ont vu leur milieu naturel influencer autant le cours de leur évolution historique. Les modes de vie en Mésopotamie et dans les régions voisines ont toujours dépendu de conditions naturelles contrastées qui, sur des terres en grande partie arides, sont tributaires du relief et de la nature du terrain, de l’abondance ou de la rareté des pluies, du cours des fleuves et rivières, de la rigueur du climat. Autant de facteurs qui ont fortement marqué le destin des hommes.

L'ensemble régional à considérer ne se laisse pas aisément enfermer dans de quelconques frontières. Il s’agit d’un espace "ouvert", au carrefour des continents asiatique, européen et africain, délimité à l’ouest par la côte méditerranéenne et à l’est par la chaîne du Zagros qui sépare l’Irak du plateau iranien ; au nord, il est bordé par la chaîne du Taurus qui s’étend au sud-est de l’actuelle Turquie, et au sud par les marges septentrionales du désert d’Arabie et par les eaux du golfe Arabo-persique. Mais la difficulté à circonscrire l’histoire ancienne de la Mésopotamie dans de telles limites géographiques est réelle, comme le montrent les nombreuses interactions avec des régions adjacentes comme l’Égypte, la Turquie anatolienne, ou l’Iran.

Dans cet ensemble, principalement couvert aujourd’hui par les territoires de l’Irak et de la Syrie sur une superficie de quelque 700 000 km2, la géographie physique amène à distinguer trois grandes zones géographiques.

Entre chaînes montagneuses et steppe : le Croissant fertile

Tout d’abord celle des territoires de piémont et les plaines qui, depuis la mer Morte, suivent l’arc montagneux qui relie d’ouest en est le Liban au Taurus, puis le Taurus au Zagros : c’est ce secteur que l’on qualifie souvent de Croissant fertile, soit une bande de terres cultivables contournant la steppe et les marges du désert syro-arabique.

Les montagnes qui bordent cet espace filtrent les communications avec les régions voisines, soit l’Anatolie en ce qui concerne le Taurus et le plateau iranien pour le Zagros, mais elles constituent également des « réservoirs » de groupes humains, au contact des plaines agricoles et en interaction avec elles. La chaîne du Zagros en particulier présente une allure morcelée avec des bassins intérieurs occupés par des tribus ou des confédérations de tribus qui seront appelées à jouer parfois un rôle important dans l’histoire de ces régions.

La Mésopotamie et ses fleuves jumeaux

Dans la diagonale et au cœur de ce vaste territoire quasi rectangulaire, l’ensemble le plus important est ensuite constitué par la Mésopotamie proprement dite. Les cours du Tigre et de l’Euphrate, issus l’un et l’autre des montagnes d’Anatolie, définissent avec leurs principaux affluents, tous de rive gauche, les contours de cette région étymologiquement "d’entre les fleuves".

Celle-ci domine l’histoire du Proche-Orient et c’est de là que vient l’essentiel de notre documentation. Elle a d’ailleurs fini par constituer implicitement, dans l’historiographie, une sorte d’unité géographique et chronologique, au point d’accentuer une vision parfois trop "mésopotamo-centrique" de l’histoire proche-orientale.

Il faut cependant bien admettre que l’idée même de "Mésopotamie" est une création tardive, le mot n’apparaissant qu’avec les Grecs : pendant les trois mille ans d’histoire dont il va être ici question, ce concept n’a jamais été explicitement utilisé ni formalisé.

Cette plaine de Mésopotamie constitue pourtant un ensemble bien identifié : dès que l’on s’en écarte vers l’ouest ou le sud, on rencontre la steppe puis le désert ; et quand on s’en éloigne vers l’est ou le nord, on atteint rapidement les premières collines puis les montagnes.

Par ailleurs, la géographie physique et les conditions environnementales amènent à diviser cet ensemble en deux grands secteurs, la césure se situant grosso modo au niveau de la zone où les deux fleuves se rapprochent le plus l’un de l’autre, à peu près à la hauteur de l’actuelle Bagdad : au nord s’étend une zone de bas plateaux souvent arides que les fleuves entaillent, et c’est là que se développera l’Assyrie, ouverte sur le monde méditerranéo-anatolien. Au sud se déploie une plaine alluviale large et plate, au sein de laquelle le cours des fleuves divague et se divise en différents bras : ce sera le domaine de la Babylonie, davantage tournée vers l’Iran méridional et les régions entourant le golfe Arabo-persique.

Cette opposition et une constante oscillation entre ces deux zones d’attraction de la Mésopotamie sont demeurées marquantes depuis la préhistoire jusqu’à l’époque la plus contemporaine – que l’on songe par exemple à la façon dont se répartissent aujourd’hui entre sud et nord de l’Irak les populations de confession chiite ou sunnite – et expliquent bien des aléas historiques.

Du fait de la présence des fleuves et de terres potentiellement aptes à l’agriculture, quoique pas aussi "fertiles" qu’on le prétend parfois, ce sont les produits récoltés sur son sol qui vont principalement assurer la richesse de la Mésopotamie. Mais en dehors de l’argile et du roseau, de l’eau des fleuves ou du bitume, le pays dispose de très peu de ressources naturelles. Beaucoup de matériaux essentiels manquent et doivent donc être importés : le bois de bonne qualité, les pierres pour bâtir ou moudre la farine, les minerais métalliques, les pierres et métaux précieux.

Par ailleurs, les vallées de ces deux grands fleuves n’ont pas toujours joué le rôle de voie de circulation privilégiée que l’on pourrait croire. Ainsi le moyen Euphrate qui traverse l’actuelle Syrie évolue dans un milieu semi-désertique peu hospitalier ; quant au cours du Tigre, il est parsemé de gorges et de rapides qui ne sont pas simples à franchir ni à parcourir.

Il ne faut cependant pas minimiser à l’excès le rôle malgré tout essentiel que jouent ces fleuves pour relier la mer Méditerranée au golfe Arabo-persique, soit l’Europe à l’Asie, et pour raccorder entre eux les divers sous-ensembles régionaux dont il est ici question.

Zones arides

Le troisième et dernier ensemble géographique à prendre en considération est enfin celui de la steppe puis du désert, soit ce qui reste globalement dès que l’on s’éloigne des montagnes, des zones de piémont ou des cours d’eau. Sur de vastes territoires qui s’étendent jusqu’au désert syro-arabique, notamment entre la côte méditerranéenne et l’Euphrate, c’est l’aridité qui domine, renforcée par les hautes températures estivales.

Complémentarité des espaces

Au total, ces grandes unités ne se présentent cependant pas de façon homogène : bien des nuances existent par exemple entre les zones complètement désertiques de la péninsule arabique et la steppe semi-aride aux marges du Croissant fertile, à laquelle des pluies épisodiques peuvent fournir une maigre végétation pendant une partie de l’année. Ces gradations dans l’aridité sont importantes car elles déterminent la possibilité ou non d’implantations sédentaires.

De même, dans les zones où existent des potentialités agricoles, il faut distinguer celles qui, au nord, bénéficient de précipitations suffisantes pour faire pousser des récoltes même à l’écart des cours d’eau, de celles qui, plus au sud, sont entièrement tributaires des rivières et de l’irrigation du fait de la rareté des pluies : les unes et les autres connaîtront souvent des formes d’organisation socio-économiques différentes, la ligne de démarcation entre les deux se situant à peu près au niveau de l’isohyète des 250-300 mm de pluie annuelle.

Ainsi les environnements naturels et les paysages connaissent en définitive bien des variations, depuis les marais d’Irak du sud au débouché du Tigre et de l’Euphrate, jusqu’aux vallées montagnardes enneigées aux frontières de l’Iran, en passant par la steppe aride de Syrie. Loin d’antagonismes que l’on imagine parfois radicaux entre les uns et les autres, une indéniable complémentarité existe au contraire entre chacun de ces territoires et chacune de leurs communautés humaines, qui ont toujours été en réalité en constante interaction. Entre eux, la proximité de modes de vie diversifiés et les échanges multiples ont sans aucun doute été un élément moteur des progrès techniques, économiques et sociaux et de leur diffusion.

Ces caractéristiques fondamentales de l’organisation de l’espace permettent en définitive d’expliquer de nombreux faits de l’histoire des hommes dans ces régions, depuis des millénaires jusqu’à l’époque la plus actuelle, d’autant que, malgré les fluctuations dans le cours des fleuves et des variations climatiques allant dans le sens d’un plus grand assèchement – mais des phases ont pu être plus humides, d’autres plus arides –, il ne semble pas y avoir eu de grands bouleversements dans l’environnement de cet ensemble régional depuis les derniers dix mille ans, à une réserve près cependant : celle de la fluctuation des rivages du golfe Arabo-persique, zone qui était sans doute libre de toute emprise marine avant que ne commence la lente remontée du niveau des eaux des océans, intervenue à l’issue de la dernière grande époque glaciaire il y a quinze millénaires environ.

Peuplement et langues

En termes de peuplement et d’un point de vue ethno-linguistique, nous ne savons pas grand-chose des hommes qui ont vécu originellement dans ces régions, mais il est intéressant d’observer que, aussi loin que la documentation puisse l’attester, il s’agit d’un espace occupé par des populations parlant majoritairement des langues sémitiques – famille de langues à laquelle appartiennent aujourd’hui l’arabe ou l’hébreu –, avec cependant une certaine variété de dialectes et une cohabitation entretenue avec plusieurs autres groupes humains porteurs d’autres langues. De nos jours, les limites géographiques sont toujours les mêmes qui séparent au nord et à l’est du Croissant fertile les populations de langue arabe (sémitique) de celles de langues turque ou iranienne (non sémitiques) : la remarquable stabilité à travers les siècles d’une telle ligne de démarcation linguistique mérite d’être soulignée.

BL

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geography_of_mesopotamia.txt · Last modified: 2023/02/24 15:07 by lafont
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